Quel est votre parcours professionnel ?
Après avoir validé une licence en tourisme international à Toulouse, j’ai eu la chance de travailler à l’étranger au Maroc, en Egypte, en République Dominicaine, au Mexique et en Laponie entre autres. Pendant plus de 10 ans, j’ai été responsable de mini-club puis représentante pays pour de grands groupes comme Jet Tours et Nouvelles Frontières. J’ai également travaillé sur des bateaux de croisières pour la compagnie Costa.
À la suite de ces expériences, j’ai décidé de rentrer en France pour travailler en tant qu’agent de voyages. C’était pour moi un nouveau métier, une découverte : création de voyages, réservation des vols, gestion des contrats de vente, suivi des clients et service après-ventes, etc. Pour cela, j’ai suivi une formation financée par Pôle Emploi et j’ai été embauché par un grand tour opérateur français pendant 5 ans.
En 2019, j’ai eu une véritable prise de conscience. Je ne me reconnaissais plus du tout dans les valeurs du tourisme de masse. Vendre des voyages à des clients qui voulaient partir au bout du monde pour monter sur le dos d’éléphants, sans véritablement prendre conscience de l’impact économique et écologique des choses ne me convenait plus. C’était à l’opposé de ma vision du tourisme.
C’est à partir de là que vous avez décidé de changer de cap ?
Oui, à partir de là, je me suis posée pas mal de questions. Puis, le Covid a complétement bousculé l’économie touristique. En 2020, les agences de voyages étaient dépassées par les évènements et la crise a été très difficile à gérer.
A ce moment-là, j’ai décidé de me recentrer sur moi-même et j’ai commencé à me pencher sur les pratiques de développement personnel et d’éveil de soi. Un jour, lors de mes lectures, je suis tombée sur une phrase de Gandhi qui a beaucoup résonné en moi : « Le plus grand voyageur n'est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde. Mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même ». J’ai compris que le plus beau voyage qu’on pouvait faire était son propre voyage intérieur, celui-ci va nous permettre de mieux nous connaître, de comprendre ce que l’on ressent, et parfois, de trouver des réponses sur qui nous sommes et ce que nous voulons dans la vie.
Alors je me suis dit que je pourrai créer ma propre agence de voyages en proposant des voyages qui se vivent de l’intérieur. C’est à ce moment-là que Ecleia Voyages est née.
Vous avez créé votre entreprise en 2022. Quelles ont été les différentes étapes clés ?
Grâce au dispositif « démission reconversion » mis en place par Emmanuel Macron en 2019, j’ai monté un dossier de reconversion professionnelle, accompagnée par un CEP (conseiller en évolution professionnelle). Puis, je suis passée en commission devant l’organisme Transitions Pro. L’objectif était de montrer que mon projet de reconversion était viable. Pour cela, j’ai fait une étude de marché, un business plan, un prévisionnel, etc.
Une fois mon dossier validé, j’ai pu démissionner en avril 2022 pour reconversion professionnelle en conservant mes droits aux allocations chômages pendant deux ans. Plus précisément, ce dispositif permet aux salariés du privé ayant un projet de création ou de reprise d’entreprise, de démissionner et de toucher tout de suite l’allocation chômage. Pour bénéficier de ses droits, il faut être en CDI depuis plus de cinq ans dans la même entreprise.
Quand j’ai pris contact avec Initiative Ouest Provence, mon projet était déjà bien ficelé. J’ai pu obtenir un prêt d’honneur à taux zéro de 3 000 € couplé à un prêt bancaire de 3 000 €.
J’ai créé mon entreprise en juin 2022 et j’ai été immatriculé agent de voyages en août 2022.
Être agent de voyages était essentiel pour vous ?
Je mets un point d’honneur a préciser que je suis agent de voyages. Déjà, pour poser un cadre légal : en France, à partir du moment où une entreprise organise un séjour quel qu’il soit, avec au minimum une nuitée et une prestation (transport, repas, activité, animation, etc.), elle se doit d’être immatriculée en tant qu’agent de voyages. C’est la loi.
J’ai donc monté ma société avec un capital social de 7 500 €, j’ai un garant financier ainsi qu’une RC pro tourisme. Une fois ces trois conditions réunies, mon dossier est passé en commission auprès d’Atout France et l’organisme m’a délivré mon immatriculation d’agent de voyages.
Depuis quelques années, les agences de voyages sont confrontées à une réelle problématique : de plus en plus de personnes (praticiens ou influenceurs) proposent des séjours bien-être sur la thématique du yoga ou du développement personnel. Ces séjours se développent de façon exponentielle sur les réseaux sociaux notamment. Les organisateurs et les clients ne sont pas au courant de la législation la plupart du temps. Ils prennent de nombreux risques : le participant comme l’intervenant n’étant pas assurés, il n’y a aucune sécurité et aucun droit pour les deux parties en cas de problème.
Le jour viendra où il faudra mettre tout ça en règle. Nous sommes très peu de professionnels sur le marché du « séjour bien-être », une dizaine dans toute la France. C’est très important pour nous de communiquer sur ce type de pratiques illégales. D’ailleurs, l’un de mes objectifs sur du long terme est de rencontrer des prescripteurs du secteur et d’ouvrir la discussion afin de poser un cadre.
Quels sont les types de séjours que vous proposez ?
Il faut d’abord comprendre la signification d’Ecleia Voyages. C’est en fait l’acronyme de certaines notions et valeurs que l’on peut retrouver dans chacun de mes évènements : le E d’éveil, le C de clé, le L de lâcher prise, le E de éco-responsable, le I d’intuition et le A d’amour de soi.
Je mets un point d’honneur à proposer des séjours en très petits groupes, de 4 à 6 personnes, en général. L’objectif est que chacun puisse vivre une expérience individuelle et avoir un temps d’introspection avec l’intervenant. C’est essentiel car les voyages se vivent de l’intérieur. Par exemple, lors du dernier séjour « à la découverte de l’astrologie chinoise », un atelier autour de du Bazi, art ancestral chinois permettant de déterminer son profil énergétique, était proposé afin que chacune puisse avoir des pistes de réflexion sur la connaissance de soi. Chaque participante est repartie avec son propre thème astral chinois personnalisé.
Je propose généralement des séjours de deux ou trois nuits dans un cadre d’exception, respectueux de l’environnement, afin de prendre soin de son bien-être physique et mental. Si l’occasion se présente, j’aime proposer des lieux avec piscine, sauna, hammam, etc. cela permet de vraiment déconnecter du quotidien. Quant aux repas, ils sont gourmands, équilibrés et sains pour le corps et l’esprit. Tout est cuisiné maison avec des produits de saison.
J’aime dire que je propose des séjours de développement personnel 2.0 : ils sont accessibles à tous, il n’y a pas besoin de savoir méditer ou faire la posture de l’arbre au réveil pour pouvoir en profiter ! L’essentiel est de vouloir mieux se connaître et passer un moment sympa tout en prenant soin de soi.
En tant qu’agence de voyages, je crée et organise toujours des "voyages classiques" pour des anciens clients ou personnes que je connais mais je choisis maintenant mes projets, je ne les subis plus !
Le prochain séjour « autorise-toi, maman » sera organisé en novembre. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, c’est un séjour qui sera organisé du 17 au 19 novembre dans le Tarn, en petit comité (4 mamans). Il s’adresse à toutes les mamans extraordinaires qui se sentent épuisées, qui veulent prendre soin d’elles et couper de leur quotidien. Car être mère, c’est loin d’être une mission facile et chaque maman a le droit de prendre du temps pour soi sans culpabiliser.
Au programme : cercle de femmes, reconnexion à Soi, soin holistique, ateliers bien-être, libération émotionnelle, méditation et coaching individuel. Le lieu avec piscine chauffée, jacuzzi et sauna sera propice à la détente.
Le séjour sera animé par Karène Cobut, maman coach bien-être engagée. Elle est la créatrice des Cobulles de Bonheur.
Quels conseils donneriez-vous aux futurs entrepreneurs ?
Je dirais que ce qui est vraiment important c’est de s’écouter et de croire en son projet. Alors, bien-sûr, ce n’est pas tous les jours facile, il ne faut rien lâcher tant qu’on n’a pas tout tenté. Le stress est différent par rapport au monde du salariat, mais je ne regrette rien et je me sens tellement plus épanouie personnellement !
L’autre conseil est de s’entourer de personnes de confiance que ce soit dans la sphère privée comme professionnelle. Mon conjoint, ma mère et mes amis m’ont beaucoup aidé. Ils étaient présents dès le début de cette aventure, m’ont encouragé lors des premiers séjours organisés et sont encore d’un soutien sans faille.
Quels sont vos projets d’avenir ?
Actuellement, j’organise des séjours en France : dans le Tarn, les Bouches-du-Rhône, le Var, la Bretagne, etc. Mais mon objectif est de développer les séjours bien-être à l’étranger car c’est mon domaine d’expertise, depuis toujours.
Le prochain est déjà planifié. Il aura lieu du 18 au 25 mai 2024 en Angleterre, à Glastonbury et aura pour thème la légende d’Avalon, la voie de la déesse. Au programme : excursion dans des lieux sacrés, cercles de femmes, rituels, enseignement sur le féminin, etc.
Toutes les informations sont disponibles sur mon site internet :
www.ecleia-voyages.com